dimanche 10 janvier 2016

Programme éducatif en Bolivie : "Los guardianes del bosque"




Fort de notre expérience dans l’organisation d’évènements éducatifs en France, nous nous attaquons désormais à la Bolivie.

Formons les enfants boliviens pour qu’ils deviennent les premiers défenseurs de l’exceptionnelle biodiversité qui les entoure !

EN BREF :

Nous souhaitons intervenir dans des écoles de la région de Buena Vista afin que les enfants prennent conscience des comportements condamnables et contribuent à la lutte contre la domestication d'animaux sauvages et la chasse illégale.  

L'idée est de proposer aux enfants des activités divertissantes pour apprendre en s'amusant : grands jeux, constructions manuelles, livres et jeux de cartes.
Ce projet s’inscrit dans le long-terme en proposant de nouvelles activités chaque année et un suivi régulier.

Nous interviendrons dans un premier temps dans de petites écoles rurales et profiterons de l'occasion pour fournir à chaque enfant un kit de produits scolaires (stylos, crayons à papiers, gomme, règle, crayons de couleurs...) ainsi que des feuilles blanches, jeux et pâte à modeler pour les écoles.


INTRODUCTION :

La Bolivie dispose d'une faune et d'une flore exceptionnelles. Toutefois, l’importance de cet extraordinaire patrimoine n'est aucunement perçue par une grande partie de la population. Le trafic animal, la coupe sauvage du bois, les feux ou encore la chasse sont autant d'activités illégales malheureusement banalisées.

Lorsqu'on demande aux enfants de citer un animal, ils répondent plus souvent le lion et la girafe que l'ocelot ou le tapir. Dans les zones rurales, il est commun de voir des enfants armés de lance-pierres qui passent leur temps libre à chasser tout ce qui passe à leur portée.

La première étape de notre projet vise à réduire ces comportements, faire connaitre aux enfants les animaux de leur région et leur mode de vie. Nous aborderons aussi les thèmes de l'équilibre de la nature, des menaces qui pèsent sur la forêt et ses habitants, des exemples de mauvaises gestions des ressources naturelles et leurs conséquences ainsi que des solutions possibles pour réduire notre impact sur la nature.

En 2017, les écoles avec qui nous travaillerons cette année se verront proposer de nouvelles activités et nous démarcherons de nouveaux établissements pour démultiplier le programme « 1ère année » déjà opérationnel.


LES BUTS :

- Favoriser un changement de comportement vis à vis de la possession d'animaux de compagnie sauvages et de la chasse illégale. 

- Faire prendre conscience que la biodiversité est un magnifique patrimoine local.

L'idée est d'apprendre en s'amusant, de susciter de l’intérêt et de faire naître le sentiment de respect de la nature. Plus on la comprend, plus on la respecte et plus on a envie de ne pas l’exploiter inconsidérément.


QUOI?
 
Notre projet éducatif se concentre sur de petites écoles rurales.
Nous pensons qu'être en petit groupe est plus productif. De plus, ces écoles ont peu de moyens et nous serons heureux de donner un coup de main à hauteur de nos possibilités.

La première étape du projet pédagogique comprend 6 journées d’intervention par école :


Nous organiserons 3 activités d'environ 4 heures, chacune étant dédiée à un animal ou à un groupe d'animaux. Nous avons choisi de parler des perroquets et des capucins (principales victimes du trafic animalier). D’autres thèmes seront abordés : le cochon sauvage, le jochi et le tatou car ce sont les plus chassés.  Une activité manuelle sera suivie d'un grand jeu (jeu de piste, jeu de plateau géant ou théâtre).

Nous travaillons d'ores et déjà à 3 livres composés d'un conte et de jeux destinés à mieux connaître la faune. L'un abordera l'équilibre de la nature, le deuxième traitera des menaces qui pèsent sur la forêt tandis que le dernier abordera le thème du trafic animal.

De plus, nous offrirons également aux écoles 3 jeux de cartes qui aideront les enfants à mémoriser les animaux de leur région.
Vous trouverez plus bas un descriptif plus complet de nos axes de travail.



Tout le matériel pédagogique créé sera utilisé dans les écoles sur plusieurs années mais il nous offrira également de multiples possibilités d'évènements annexes, voire de ventes (livres, jeux de cartes).


OÙ?
Place principale de Buena Vista
Buena Vista est une petite ville d'environ 5 000 habitants offrant de magnifiques paysages de jungle. Toutefois, l'agriculture, l'exploitation de bétail, la chasse, les feux illégaux et la détention illicite d’animaux sauvages sont autant de menaces pour cet environnement (il est fort courant de trouver des perroquets dans les maisons ou les hôtels). 
C'est à proximité de cette ville que nous souhaiterions implanter le centre de secours animalier, autre volet du projet de notre association. Cette zone a plusieurs avantages : sa proximité avec Santa Cruz (plus grande ville de Bolivie à 1h30 de route), son parc national Amboro, un tourisme existant même s’il reste modéré.
Démarrer ce volet éducatif à Buena Vista nous permet de préparer le projet de refuge animalier.


QUAND?
Nous sommes actuellement en période de grandes vacances en Bolivie et les professeurs se retrouvent  mi-janvier pour organiser l'année scolaire.
C'est à ce moment-là que l'on pourra fixer des dates précises.
Pour cette année, nous espérons pouvoir commencer début mars pour terminer fin août.



DESCRIPTIF DETAILLE DU CONTENU :

3 activités d'une matinée :

- Les perroquets          Jeu de piste
L'activité se compose d'une activité manuelle (perroquet en papier qui peut battre des ailes), d'une courte présentation et d'un jeu de piste. On commence le jeu au nid qui contient un œuf. Diverses énigmes mèneront les enfants jusqu'au prochain lieu à trouver et plusieurs personnages interviendront (marionnettes) : le hibou, le toucan, l'aigle, et l'amazone. Le but du jeu est de collecter assez de nourriture pour que le jeune perroquet puisse s'envoler.

-Le paca, le tatou et le pécari           Jeu de plateau géant
On tire au sort trois équipes, une pour chaque animal. Chaque équipe construit ensemble son animal en papier mousse qui servira de pion pour la suite.
Ensuite, place au jeu de société géant composé de cases de 45cm de diamètre. A chaque tour on lance le dé géant et on place son animal sur des cases (cases-questions et cases-défis). Des échelles permettent d’avancer plus vite et il est avantageux de tomber sur une case correspondant à son animal. Attention à la case chasseur qui fait perdre un tour.

- Le singe capucin        Théâtre
Cette activité consistera à fabriquer un masque puis nous décrirons plusieurs comportements de ce singe (rôle du mâle alpha, lutte pour le pouvoir, partage de nourriture, épouillage…). Les enfants doivent mettre ces comportements dans l'ordre de leur choix afin d'en faire une histoire. Pour terminer, nous mettrons nos masques et jouerons la pièce fraîchement écrite.

Le paca, le tatou et le pécari pour ceux qui ne savent pas à quoi ça ressemble :

           



3  livres :
Chaque livre se compose comme suit : 5 animaux et une plante possèdent chacun leur double page avec un grand coloriage, des dessins explicatifs et des jeux (labyrinthe, différences, soupe de mots...) permettant de mettre en avant un trait de caractère ou un aspect biologique de l'espèce concernée. La deuxième partie est composée d'un conte sur le thème choisi avec des textes assez courts et des dessins colorés.

Thème des livres :

- L'équilibre de la nature
Espèces présentées : Singe hurleur, jaguar, papillon hibou, ficus, colibri, tatou des Andes
Conte mettant en scène un jeune singe hurleur qui remercie un ficus pour ses fruits et lui demande ce qu'il peut faire pour lui rendre la pareille. L'arbre se met alors à lui expliquer le rôle de chacun dans la forêt.
Thèmes abordés : dissémination des graines, pollinisation, mutualisme, rôle des carnivores et des herbivores, écosystèmes.


- Les menaces qui pèsent sur la forêt
Espèces présentées : Toucan, tortue podocnemis, capybara, mara, ours à lunettes, dauphin d'eau douce
Conte en cours d'écriture
Thèmes abordés : Pollution, constructions, chasse, feux illégaux, fragmentation du territoire, coupe des arbres.

- Le trafic d'animaux sauvage
Espèces présentées : Singe capucin, ocelot, ara rouge, orchidées, coati, anaconda
Dans le conte, un ocelot et un ara se rencontrent à l'arrière d'un camion enfermés dans des cages. Après avoir été secourus, ils arrivent dans un centre de secours où un singe capucin se chargera de leur expliquer le fonctionnement des refuges.
Thèmes abordés : façon de capturer les animaux, conditions de transport et de captivité, illégalité du trafic, rôle des refuges, libération d'animaux sauvages.  

3 jeux de cartes :

Bien entendu, le thème des animaux sera le fil rouge des jeux et les illustrations accompagnées du nom de l’animal sur les cartes serviront à mémoriser les espèces locales.

-Le mistigri (41 cartes)
Chaque carte à sa paire sauf le mistigri. A chaque fois qu’on a une paire en main, on peut s’en défausser au centre de la table. Chacun son tour, on pioche une carte dans le tas de son voisin. Le perdant est celui qui se retrouve avec le mistigri en main alors que les autres n’ont plus de carte.

- Le jeu des 7 familles (42 cartes)
Pas besoin de présenter ce jeu.
Les familles seront : primates, félins, autres mammifères, reptiles, oiseaux, papillons, amphibiens.

- Lineas (54 cartes)
Dans ce jeu chacun pose à son tour une figure comme dans un quadrillage. Le but : piéger des cartes en encerclant une ligne avec une même figure.


EN PLUS : Nous souhaitons incorporer à notre programme un échange entre écoles boliviennes et françaises. Les classes écriraient une lettre commune, se prendraient en photo tandis que chaque enfant dessinerait un animal et inscrirait le nom de ce dernier dans sa langue. Nous échangerions ensuite le tout pour créer un contact entre la Bolivie et la France

dimanche 13 juillet 2014

Rurrenabaque et San Borja

RURRENABAQUE ET SAN BORJA



RURRENABAQUE


Rurre - comme on l’appelle ici - est une petite ville de 17000 habitants situé dans le département du Béni. C’est l’endroit privilégié pour visiter la jungle bolivienne. Ici, les gringos sont légion et organisent leur voyage dans forêt tropicale auprès d’un des (très, trop ?) nombreux tours opérateurs. Malgré cet apport touristique, Rurre a su conserver sa tranquillité et ce qui fait le charme des bourgades amazoniennes.
La ville est la porte d’entrée du parc national Madidi, superbe parc de renommée internationale qui absorbe la quasi-totalité du tourisme des environs.

 

Contacts :

Habitué à ce que tout se passe toujours parfaitement bien et à ne rencontrer que des portes ouvertes sur mon chemin, il fallait bien que ça arrive : rien ou presque n’a fonctionné ici.
Deux raisons principales : la réticence de certaines personnes à ouvrir leur porte et l’isolement de la région avec le reste du pays.
D’une manière générale, il m’est apparu que les refuges animaliers du coin étaient assez peu ouverts sur l’extérieur.

Premier exemple, le tour opérateur le plus cher de la ville fait sa communication sur une réserve privée où sont recueillis des animaux sauvages. Ceux-ci jouiraient d’une semi-liberté rendue possible par la taille gigantesque de la propriété. D’après leurs dires, les pensionnaires s’émancipent d’eux même jusqu’à être indépendants. Super dans l’idée, toutefois, lorsqu’ils évoquent des cas de jaguars, j’émets des doutes sur la fiabilité de cette méthode. Bref, intéressant quoiqu’il en soit, j’aurais aimé voir de mes propres yeux leur manière de travailler. Malheureusement, à peine l’idée évoquée, je me suis fait snobé magistralement et le « je reviens dans 5mn » s’est transformé en dernier contact. 
Passons rapidement sur 2 autres projets qui ne répondent ni au mail ni au téléphone, j’ai pu rencontrer les responsables des parcs nationaux Madidi et Pilon Lajas.

Ces parcs sont gérés par la SERNAP (SERvicio Nacional Areas Protegidas) et par une direction de représentants  de communautés indigènes vivant depuis toujours sur les lieux.
Un représentant des communautés de Pilon Lajas m’a expliqué le fonctionnement de la direction et les problèmes rencontrés dans la gestion partagée et concernant les besoins des habitants (colons qui s’installent et pillent les ressources, gouvernement intéressé par l’exploitation massive de pétrole…).
Au bureau de la SERNAP du parc Madidi, tout avait bien commencé, la conversation sur les problématiques du parc et sur notre projet a été enrichissante
Le directeur m’a parlé d’un lieu où il serait intéressant de commencer un refuge. Toutefois, lorsque j’ai demandé à accompagner les gardes forestiers sur place pour visiter le lieu et voir
le travail qu’ils y effectuaient la conversation a tourné au ridicule. Alors que je souhaitais profiter d’une sortie de travail des gardes pour en savoir plus, le directeur voulait ni plus ni moins me vendre un tour au prix fort, devenant semi-agressif en parlant du prix de l’essence, me demandant quel jour je voulais visiter. Bref, si l’idée de participer à l’essence ne me dérange pas, j’ai ressenti plus d’envie pour me pigeonner que pour promouvoir ce lieu soit disant fantastique où « il serait idéal d’y commencer un refuge » dixit le directeur.




Problèmes :
Il y a deux routes pour arriver à Rurre, lesquelles se rejoignent à Yucumo avant de terminer par les 3h de trajet qui séparent les deux villes.
Lors de mon séjour à Trinidad le mois dernier, je n’avais pu rejoindre cette région car la route Trinidad-Yucumo était fermée. Cette fois ce fut Yucumo-Caranavi, autrement dit le chemin jusqu’à La Paz, et je dus rentrer en avion (cela dit c’est soit 24h de bus sur des routes défoncées ou 40 minutes d’avion pour 60€). Différentes causes peuvent intervenir : la boue qui empêche le passage, un effondrement, des inondations…
Tout cela fait que la région est souvent coupée du reste du pays, ce qui n’est pas sans conséquences. Ceci entraine une flambée des prix et une pénurie d’essence. Pour arrondir les fins de mois, certains locaux stockent de l’essence pour la revendre plus de deux fois le prix en période de manque. Si la route reste fermée trop longtemps, la région est paralysée jusqu’à son ouverture et le retour des camions qui approvisionnent en essence.
J’avais rencontré à Rurre le responsable du refuge Yaguarete avec qui nous avions convenu d’une prochaine visite. Le jour où nous devions y aller : pénurie d’essence, nous avons été incapables de nous y rendre….
Ville sinistrée proche de Rurre

Anectode :
Alors que je cherchais de l’artisanat à vendre pour l’association, j’ai bien sympathisé avec un jeune artisan. En allant voir dans l’arrière-boutique d’autres produits je suis tombé nez à nez avec une peau d’ocelot. J’ai choisi  d’expliquer les buts de l’association sans en faire tout un plat pour en savoir plus. Il s’agirait d’un ami à lui qui l’a chassé car l’animal venait régulièrement manger ses poules. D’après lui c’était une opportunité mais il n’est pas habitué à acheter ce genre d’articles. Quoiqu’il en soit, nous avons discuté du trafic animal, le commerce de peaux serait courant dans la région. Si certains sont opportunistes, il existe un réseau plus organisé où l’acheteur commande au chasseur le type d’animal qu’il devra aller tuer (jaguar, petit félin, anaconda ou caïman). Toujours selon ses dires, beaucoup de peaux seraient destinées au marché asiatique.
En effet, pendant que nous discutions, quelqu'un est venu voir la peau. Sans un mot ou presque et l’air énervé il a observé la peau scotché à son téléphone puis est parti sans en dire plus. J’imagine que cette personne négocie des peaux pour alimenter l'Asie en produits pour la médecine traditionnelle, le tigre étant de plus en plus rare, la demande de félins sud-américains explose. De plus, une grande entreprise chinoise s’est implantée près de Rurre pour cultiver de la canne à sucre et la demande locale a depuis fortement augmenté.

SAN BORJA


Environ 25 000 habitants peuplent cette ville située sur la route entre Trinidad et Yucumo. L’activité principale de la région est l’exploitation de bétails. Dès qu’on sort de la ville, les fermes s’enchaînent les unes après les autres. D’après les boliviens, c'est ici qu'on produit la meilleure viande du pays.
Cependant, les récentes inondations ont durement frappé les troupeaux, beaucoup ont péri noyés, d’autres sont morts de faim. On sent que la zone a été sinistrée il y a peu, des cadavres de vaches jonchent le bord des routes et les survivantes sont d'une maigreur impressionnante. Inutile de préciser que l’économie de la région souffre énormément de la situation, les « ganaderos » sont toujours en attente d’un geste du gouvernement.

Photo symbolique des inondations du début d'année 2014 à San Borja

ESTACION BIOLOGICA DEL BENI

La proximité de la «station biologique du Béni » a motivé notre visite de San Borja.  L’Estacion biologica del Beni ou EBB est comme son nom l’indique un centre d’étude mais c’est aussi le nom du parc national  dans laquelle est située la station. Pour plus d’informations, je suis allé au bureau de la SERNAP qui gère le parc.
Il s’avère que dans le passé, l’EBB était géré par l’académie des sciences. Beaucoup d’études y ont été menées, des scientifiques du monde entier profitaient des infrastructures disponibles. Malheureusement, l’académie s’est retirée sans vraiment préparer sa succession ce qui a provoqué une baisse de l’affluence. Un incendie ravageur a fini de faire sombrer l’
EBB dans l’inactivité.
Depuis, plus personne ne vient visiter, et les responsables ont même choisi de mettre des vaches dans le parc national… L’EBB donne l’impression d’être à l’abandon.

Toutefois, la zone est intéressante, deux écosystèmes s’y côtoient (jungle et savane), un grand lac, des données disponibles grâce aux études passées.

Savane

Parmi les points négatifs, sans mentionner le problème des inondations commun à pratiquement tout le département, l’accès n’est pas des plus faciles. La piste en terre est en mauvais état mais le gouvernement devrait construire une route en asphalte dans les 3 prochaines années (Trinidad-Yucumo).















Merci à toute l’équipe de la SERNAP pour m’avoir permis de visiter les lieux, mon derrière se souvient encore du trajet en quad et de cette fichue barre métallique :) Tout comme mes oreilles se souviennent de ces soirées karaoké, véritables fierté culturelle de San Borja

Grégory LEGRAND pour Thémiselva